Le Carré de Baudouin est appelé à devenir le centre de gravité de la biennale : sa situation intermédiaire entre le centre historique de la capitale et la banlieue toute proche alimente le concept même de l'exposition qui s'y tient.
La situation de Belleville comme « laboratoire des cohabitations urbaines » ne peut devenir la thématique d'une exposition axée sur les mutations et les transformations urbaines qu'à condition que ces dernières soient suffisamment problématisées, car le risque est grand que les oeoeuvres ne soient instrumentalisées par les difficultés sociales du moment. L'une des priorités de la biennale est donc de montrer comment les artistes se nourrissent de ces thématiques sans pour autant que leurs oeoeuvres ne se transforment en manifestes. Il s'agit d'établir des parallèles entre les mouvements de populations à l'origine de la géologie sociale des grandes villes et les principes de déplacements formels qui affectent les 'oeuvres d'art elles-mêmes. Ainsi, une pièce comme celle de Kader Attia, La colonne sans fin, pourrait facilement être considérée comme un symbole du déclin de l'attractivité syndicale, sauf que cette pièce est également interprétable comme la prolongation d'un éternel dialogue.
L'intérêt de cette pièce est de se réapproprier des thèmes inhérents au champ de la sculpture : la finitude, l'élévation, le socle, pour l'ouvrir à ceux de la lutte ouvrière. Les pièces d'Isa Melsheimer sont constituées de visuels qu'elle extirpe d'une source médiatique quelconque pour les déposer sur un support parfaitement incongru : matelas, sofa fatigué, T-shirt usagé. Le traitement qu'elle applique à l'image d'origine, brodé sur cette nouvelle base, a pour effet de la geler : il contrevient ainsi à sa destination première qui est de participer au flux de l'information en l'ancrant dans un milieu a priori inhospitalier. À l'instar des quartiers périphériques densifiés par les vagues de migrations successives, les 'oeuvres de Melsheimer sont la résultante de ces mariages improbables. Les objets « augmentés » de Camille Henrot se situent dans une proximité d'intention : le goudron qui enduit ces objets de seconde main nous rappelle le traitement que les cow-boys faisaient subir aux « pied-tendres ». Ils font référence à la difficulté de s'implanter, d'être accepté sur un nouveau sol ; mais cette nouvelle peau leur donne une nouvelle identité en les unifiant. L'analogie avec les populations en migration est suffisamment édifiante : il en résulte toujours un substrat, un dépôt, un solde. Solde migratoire tente de témoigner de la richesse des phénomènes migratoires en pointant les ressemblances avec la formation des 'oeuvres contemporaines.
Isa Melsheimer was born in Neuss, Germany, in 1968. She studied in HDK, Berlin (prof. Georg Bazelitz). She was in Chinati Foundation's Artist residence program in Marfa (2004).
She works and lives in Berlin.
The duo composed of Louise Hervé and Chloé Maillet regularly takes us on a journey to different places charged with historical meaning (the double architecture of the neo-classical Palais de Tokyo and the Museum of Modern Art's liaison with 'swords-and-sandals' films, Belleville and the life of the Saint-Simonians, Marne-la-Vallée and the films of Eric Rohmer). The continued research of the artists led them to the underground passages and Gothic Novels, hence the artwork showcased in the gallery'an archeological display cabinet, film clips, a new method of inventory in a basement, a special-edition book'are all objects meant to spark our interest in the artists' activity of collecting and in a certain archaeology of knowledge. Identification, description, classification, are all presented in the artwork'the fragmented or missing objects seem to be the keys to a hidden treasure. Eventually, the Dragon's Cave'an archeological site in Austria and an ancient Stirian legend'is but a formal and literary reflection of the exhibition.
Le duo formé par Louise Hervé et Chloé Maillet nous conduit régulièrement à parcourir différents espaces chargés d'histoires (la double architecture néo-classique du Palais de Tokyo et du Musée d'Art Moderne et son rapport au péplum, Belleville et la vie des Saints-Simoniens, Marne-la-Vallée et les films d'Eric Rohmer). Dans le prolongement des recherches menées par les artistes sur les souterrains et les romans gothiques, les différents éléments de l'exposition de la galerie (une vitrine archéologique, des extraits de films, une nouvelle méthode d'inventaire balisant les sous-sols, un livre à exemplaire unique), invitent à s'intéresser à une pratique de la collection que les artistes affectionnent et à une certaine archéologie du savoir. Identifiés, décrits, classifiés, représentés dans un fichier... les objets fragmentaires ou manquants, nous livrent les clefs d'un trésor enfoui, dont la Caverne du dragon, site archéologique situé en Autriche et très ancienne légende styrienne, n'est que la formalisation romanesque.
Fidèle à sa stratégie de perturber la perception du spectateur afin de l'amener à prendre conscience de la réalité qu'il a sous les yeux, Pierre BISMUTH s'attaque ici à l'espace même de la galerie où il expose. S'inspirant directement du principe de distanciation brechtienne, il théâtralise ses locaux et en fictionnalise le travail de bureau.
Suite à son exposition personnelle très remarquée au centre d'art breton, le Domaine de Kerguehénnec, Jochen Lempert nous donne pour la deuxième fois l'honneur d'une exposition personnelle. Il montrera des oeuvres récentes.
Une nouvelle manifestation d'art contemporain se profile dans l'Est parisien : la Biennale de Belleville. Du 10 septembre au 23 octobre, ce quartier multiculturel chargé d'histoire ayant connu des mutations urbaines radicales ces dernières années devient un terrain d?expérimentations artistiques inédites ouvert sur la scène nationale et internationale.
Des expositions collectives et personnelles, performances et interventions diverses d?artistes auront lieu tant dans des lieux publics que privés, mais aussi hors-les-murs : dans l?espace public, les rues et jardins. Elles s'annoncent, avec les conférences, comme autant de tentatives visant à bousculer les habitudes et usages liés à la fréquentation des sites d?art contemporain.
Initié par un collectif de commissaires et de critiques d'art résidant à Belleville, ce nouveau modèle de Biennale, de proximité ou de quartier, entend avant tout faire résonner des pratiques contemporaines avec la complexité des phénomènes de peuplement urbain. Incitant à la déambulation, elle tâche de dessiner de nouveaux itinéraires dans la ville permettant ainsi de redécouvrir un territoire, à travers de nouvelles formes d'appréhension de l'art contemporain.
Pour cette première édition, le Pavillon Carré de Baudoin, la Maison des Métallos, l'Antenne du Plateau/Frac Ile-de- France, Café au Lit, Contexts et l'Ecole Prép art accueillent l'évènement. De nombreuses galeries d?art contemporain implantées dans le quartier suite à la création du Plateau et à l'aventure éphémère de La Générale participent également à la Biennale : Marcelle Alix, Balice-Hertling, Bugada et Cargnel, Crèvecoeur, Gaudel de Stampa, Jocelyn Wolff, Sémiose, et Suzanne Tarasiève. Une visite de ces galeries est prévue en octobre lors du parcours privé des galeries de la Fiac, et plusieurs artistes qu?elles représentent sont inclus dans des projets spécifiques de la Biennale.
Le Pavillon Carré de Baudoin sannonce comme le centre de gravité de la manifestation. Ce bâtiment, construit au XVIIIème siècle, accueille une exposition mettant l'accent sur les similitudes et connivences entre démarches artistiques et flux démographiques. Intitulée Solde migratoire, elle présente, sur environ 400 m2, une trentaine d?oeoeuvres d?une quinzaine d?artistes internationaux comme Dove Allouche, Kader Attia, Stéphane Calais, Hamish Fulton, Camille Henrot, ou Jorge Pedro Nunez (installations, vidéos, photographies, peintures, sculptures, gravures et dessins).
Une double projection vidéo des artistes brésilien Caetano Dias et chinois Zhenchen Liu est programmée pendant la Nuit Blanche le 2 octobre à la Maison des Métallos dans le cadre du projet Fabula rasa. Cette ancienne manufacture industrielle datant du XIXème siècle, désormais centre culturel depuis les années 2000, devient donc, le temps d?une nuit, le réceptacle de nouveaux récits urbains.
La Biennale s'associe à l'Antenne du Plateau pour présenter le projet de l'artiste cubaine Tania Bruguera, Capitalisme générique, consistant en un programme de lectures dans l'espace public du quartier visant à produire une réflexion sur la notion de capitalisme aujourd'hui. La vitrine de l'Antenne accueille par ailleurs une oeuvre inédite de l'artiste Wilfrid Almendra.
L'artiste hambourgeois Jochen Lempert investit l'appartement de la place des fêtes de Café au Lit. L'exposition, intitulée Migrations, présente des photographies s'appuyant notamment sur une série prise dans le parc des Buttes Chaumont. À noter également : l'exposition originale Le Cartel de Belleville, présentant des cartels d'oeuvres d'une dizaine d'artistes, accueillie spécifiquement pour l'évènement chez Bugada et Cargnel à partir du 9 octobre (dans le storage).
L'Ecole Prépart, quant à elle, propose une performance culinaire de Jean-Claude Chianale (buffet graphique et chromatique), le soir du 11 septembre.