"chez-robert espace d’art" a été créé en 2007 par l’artiste mdlx/Michel Delacroix. De 2007 à 2014 trente-six expositions ont été organisées. En 2014 le FRAC Franche-Comté a consacré une exposition et édité une publication sur ce projet. Ce fut la fin d’un cycle mais non l’épilogue de cette aventure. Lors de ces années riches en rencontres, en échanges et en collaborations des liens se sont créés, un réseau s’est tissé. L’idée est de poursuivre, d’écrire d’autres épisodes, d’expérimenter d’autres possibles dans d’autres formats tout en conservant la fraîcheur et l’inventivité de l’esprit initial. Cette première exposition “chez-robert hors les murs” à Migennes amorce un nouveau cycle et, dans un même mouvement, boucle un cercle. C’est en effet dans ce même lieu, neuf ans plus tôt, qu’a été montée l’exposition inaugurale de “chez-robert” avec Patrice Ferrase comme artiste invité. Ce lieu est porteur de cette histoire mais aussi de beaucoup d’autres, c’est un lieu vivant, un atelier d’artiste, un atelier de production. Sa situation géographique n’est pas banale, un ancien bâtiment du Comptoir Général de Navigation enchâssé entre des voies de chemin de fer et le canal de Bourgogne. Entrelacs de réseaux, télescopage de temporalités, grondement des trains et calme du canal, tous ces composants en font un terrain fertile pour imaginer une aire de prospection, un carrefour de questionnements et de création. Un biotope passionnant mais complexe où les artistes sont amené à mettre à l’épreuve leurs facultés d’adaptation et de rebonds. Ce fut l’un des postulat qui a guidé le choix des six artistes sélectionnés qui ont en commun leur attention aux contextes et leur capacités à régénérer leur production selon les postulats proposés. L’essentiel des pièces qui vont être produites pour cette exposition seront des oeuvres “in situ”, des oeuvres qui ont une histoire, qui résonnent avec la situation sous toutes ses formes, anecdotiques ou génériques, emblématiques ou dérisoires.
Béatrice Duport, Laurent Lacotte, Matthieu Martin, Nicolas-H Muller, Simon Nicaise et Marion Robin vont être les acteurs de cette première édition. Les propositions vont découler d’un télescopage entre ces fortes personnalités et le contexte de la manifestation. Ces angles divers vont ouvrir à de nouvelles lectures de l’atelier et de l’environnement. La géographie du lieu, les voies de chemin de fer, le flux du canal sont matière à création pour Béatrice Duport qui aime à questionner les notions de territoire et de frontière, d’identité et de culture. Dans le même esprit, le port du canal est un lieu parfait pour accueillir “blues” de Matthieu, un bateau très particulier qui fera le voyage depuis l’Allemagne, geste cohérent pour cet artiste qui travaille sur les concepts de dérive et de déplacement. Une lecture sémiotique, non dénuée d’humour et de poésie est en jeu avec les propositions de Laurent Lacotte. Les récits et réécritures sont aussi à l’oeuvre dans les productions de Marion Robin dont l’une des pièces va permettre de redécouvrir une facette du marché couvert de Migennes. Avec Nicolas H Muller le contexte de l’atelier devient le contenu, il propose des boucles, des tautologies souvent surprenantes qui reconsidèrent le système de perception des oeuvres. Les histoires passées et à venir ont aussi inspiré Simon Nicaise qui met en espace un touret en bois avec une bougie de plusieurs centaines de mètres. Cette métaphore de la flamme éternelle résonne particulièrement dans ce contexte avec l’énergie déployée dans ce projet, avec la part irréductible de la création, avec cette histoire en train de se construire