[ L'entre-deux, l'exil, les identités culturelles, le cycle, la mémoire aussi bien que l'imaginaire des lieux sont au cour de l'oeuvre de Mehdi Meddaci.
Le Centre Photographique d'Île-de-France se réjouit de présenter la première exposition personnelle de cet artiste diplômé du Fresnoy de Tourcoing et de l'École nationale supérieure de la photographie d'Arles dans un centre d'art contemporain francilien.
L'exposition nous nous sommes levés - titre envisagé comme un fragment narratif - constitue une installation à l'échelle des espaces, convoquant vidéo, cinéma et photographie. Elle rassemble notamment Les yeux tournent autour du soleil (2013), troisième volet totalement inédit du travail de Mehdi Meddaci, le film Tenir les murs (2011), ainsi que ses photographies regroupées sous l'intitulé Cycle, 2005-2013.
Le travail de ce jeune artiste né en 1980 se construit par strates successives, sous forme de dispositifs ou de modules autonomes. En convoquant les moyens du cinéma et en prenant la forme d'un récit éclaté, le travail de Mehdi Meddaci crée des conditions de réception, d'attente et d'immersion propices à la contemplation. Il élabore un espace dans lequel le public est invité à prendre part, à l'échelle de son corps : un mur blanc, la danse d'un enfant dans l'évitement du danger, un mur bleu, la déambulation d'un chour muet, un corps qui choit dans l'eau, des trajectoires de barques.
Au commencement, il y a le cheminement d'une pensée, un voyage mental toujours en relation étroite avec un lieu ou un territoire qui lui est sentimentalement proche. À partir d'un souvenir d'enfance, d'un récit familial ou d'un simple geste du quotidien, Mehdi Meddaci tend à la reconstruction d'une histoire, celle d'une trajectoire obsessionnelle entre deux espaces, deux rives de la Méditerranée. Dans l'écart s'insinue l'étrange sensation d'un manque et les signes potentiels de pans occultés de l'Histoire, dont ses films portent inlassablement les marques.
Par le biais de l'image fixe ou en mouvement, il questionne un état d'être au monde, la perception du réel et sa représentation. Il construit et déconstruit une dramaturgie au moyen de techniques cinématographiques et de recherches plastiques fortes. Les temporalités multiples, le ralenti, la boucle, la répétition, le plan fixe, le hors-champ sonore ou visuel sont les procédés récurrents et symptomatiques qu'il utilise au service d'une esthétique maîtrisée. La lumière en est un autre fondement ; l'image se fait tableau, les corps sculptures.
Dans un rapport distancié au réel, il se dégage de ces images une force poétique portée par la sensation d'un flottement du temps, de renversements et de mouvements cycliques, d'une ouverture à d'autres mondes possibles... ]