Cette exposition personnelle est l’occasion, pour Emmanuelle Lainé, de revenir à Paris, un endroit familier, tout comme la Fondation d’entreprise Ricard qu’elle connait pour y avoir déjà exposé. L’artiste y conçoit son projet, comme une situation de travail développée sur place. Sur une période de trois semaines, avec le concours d’une équipe aux talents multiples, elle transformera la Fondation en atelier, ainsi qu’en une vaste installation in situ déployée à travers les espaces d’exposition.
Lainé a pris pour habitude d’incorporer son environnement immédiat à sa pratique, tout d’abord en utilisant des objets appartenant aux institutions qui l’invitent, puis en sélectionnant d’autres éléments dans des lieux comme des supermarchés, ou des marchés d’occasion. Ces objets standardisés, issus du quotidien, permettent à Emmanuelle Lainé de construire un langage visuel singulier, sur un registre laissant pleinement apparaitre l’accident et la coïncidence. Ainsi, l’artiste exprime une attention particulière pour la manière dont les choses prennent forme de manière inattendue et dénigre le contrôle méticuleux du résultat final.
La façon dont Emmanuelle Lainé arrange objets trouvés et éléments personnels, qu’elle combine avec de nouvelles pièces fabriquées in situ, révèle un lien profond avec la sculpture classique. Ce grand appareil de composition résonne également avec d’autres genres artistiques, comme la nature morte ou la peinture de paysage.
L’artiste emploie la photographie numérique de très haute définition afin de générer des effets d’espace particuliers. D’abord en archivant ce processus in situ de transformation de l’espace d’exposition en atelier, pour produire de grandes images photographiques à échelle 1; puis en installant à même les murs ces reproductions, telles des scènes augmentées. Laine crée ainsi un environnement optique complexe et très performatif qui génère une sensation de désorientation visuelle autant que de coalescence organique avec l’installation. Le titre de l’exposition, Le plaisir dans la confusion des frontières, affirme encore ce désir de continuité dans la perception.