La Galerie Max Hetzler est heureuse d’annoncer une exposition de Raymond Hains (1926-2005) dans les deux galeries de Berlin ainsi qu’à Paris.
L’exposition, réalisée en collaboration avec la succession de l’artiste, regroupe des œuvres importantes et inédites. Elle présente une exceptionnelle opportunité de découvrir ou re-découvrir le très riche travail développé par Raymond Hains sur près de six décennies, depuis les photographies des destructions de la guerre en 1944-45, jusqu’aux néons inspirés des nœuds Borroméens de Lacan, créés en 2005.
Raymond Hains est reconnu comme l’un des plus importants artistes français d’après-guerre, son œuvre mettant constamment au défi notre perception et nos définitions de l’art. Personnalité inclassable et exigeante, ou comme écrivait avec la verve qu’on lui connait le critique Pierre Restany: « Piéton de Paris, amant de Venise, fidèle de La Palisse, sigisbée de la critique, Hains aux insignes, Hains saisissable, Hains satiable, Hains sondable, Hains soutenable, Hains supportable, Hains stable... ! ou bien encore : Hains sensible, Hains soluble, Hains sonore, Hains soumis, Hains suffisant, Hains satisfait. Tant d’Hains en un instant, est-ce, Hains, sensé ? »
Souvent associé au Nouveau Réalisme, proche du Lettrisme et du Situationnisme, célébré pour ses affiches lacérées et ses palissades, connu pour ses digressions magistrales, l’exposition s’attache à montrer les facettes moins connues du personnage. Dans ces dernières se conjuguent une constante invention de formes artistiques nouvelles et une inspiration insatiable, qui puise et spécule joyeusement dans les coïncidences géographiques, littéraires, dans la mémoire et dans l’environnement visuel de l’artiste.
Un travail sur les mots, leur sens, l’image ou les objets trouvés qui apparaît aujourd’hui dans son ensemble comme une vision prémonitoire et hautement influente du monde. Entre « lunettes hypnagogiques » (faites de verres cannelés déformant le réel), « allumettes géantes » (sculptures ‘Pop’ créées par les personnages fictifs Saffa et Seita dans les années 60), « sculptures de trottoir » (trouvées et photographiées dans les rues), ou « macintoshages » (captures d’écran et manipulations d’images à partir des années 90), l’œuvre de Raymond Hains a laissé une empreinte forte, non conformiste et stimulante dans le paysage artistique contemporain. Sa plus grande singularité réside indubitablement dans cette place centrale donnée à tout le potentiel poétique et visuel du langage.
L’exposition dissémine dans les trois lieux des œuvres de différentes périodes en dialogue les unes avec les autres, en suivant davantage le réseau de sens créé par ces œuvres au fil du temps que la logique chronologique. On pourra ainsi explorer les cheminements infinis et plaisants de Raymond Hains à travers trois volets à la fois interconnectés et indépendants: - « Raymond La Science » à Berlin Bleibtreustrasse autour de l’expérimentation, - « Raymond l’Abstrait » à Berlin Goethestrasse, qui met en valeur les qualités visuelles et la ‘logique interne’ des différentes œuvres, enfin - « Raymond le disert (l’ara Raymond) » à Paris, où la parole de Raymond Hains se déploie et se fait révélatrice de sens : “Je travaille à une sorte de Web. La vie est comme un roman, comme une dentelle bretonne ou une toile d’araignée.” (RH, 2000).