Galerie Yvon Lambert
Mircea Cantor
White Sugar for black days

14/03/2009
> Galerie Yvon Lambert


Photographies / Communiqué de presse

Mircea Cantor
White Sugar for black days


Les oeuvres de Mircea Cantor entretiennent l'idée de dépassement des limites, de potentiel caché, de la possibilité de transcender des obstacles à différents niveaux de perception.

Depuis sa première exposition à la galerie Yvon Lambert Paris (en 2002) qui s'intitulait malicieusement "The Right Man at the Right Place", l'artiste d'origine roumaine Mircea Cantor a acquis ces dernières années une vraie stature internationale, avec des nombreuses participations dans des expositions personnelles et de groupe, remarquées et remarquables.

Nous accueillons en ce début d'année 2009 sa seconde prestation personnelle à Paris qui fait suite à une série d'expositions en Grande Bretagne considérées par la presse britannique comme parmi les plus excitantes de ces derniers temps (Moma Oxford, Arnolfini Bristol et Camden Arts Center à Londres à l'affiche en ce moment jusqu'au 19 avril 2009).

A Paris Mircea Cantor a choisi de présenter une série d'oeuvres récentes ainsi qu'une nouvelle version d'un film d'animation achevé il y a 3 ans.

Seven future gifts est un ensemble sculptural monumental composé de sept rubans en béton qui reprennent à différentes échelles ceux qui servent à l'emballage des cadeaux (d'où le titre de l'oeuvre). De taille croissante, de plus petit jusqu'au gigantesque (4m x 4m), ces modules sont un concentré remarquable du vocabulaire post minimal, qui réintroduit en même temps une vraie dimension post pop. L'objet est évidé et le contenant devient par la force des choses contenu.
Dans le « white cube » de la galerie ce dispositif intègre au mieux la dimension spatiale inhérente à l'oeuvre.
Easy est une série de dessins sous forme de story board qui font, à la manière des planches de BD, le récit d'un saut effectué par une paire de doigts par-dessus un obstacle symbolisé par un mur en carton, saut qui s'effectue aussi facilement que dans un rêve.

Mais l'artiste introduit ici une dimension supplémentaire : le dessin lui-même est un ready-made commandé à une professionnelle du genre, une manière d'induire un paramètre social et politique en lien direct avec l'idée de mondialisation, et avec la volonté de Cantor de reconsidérer le principe même de l'artisanat.

La démarche de Mircea Cantor se veut une alternative qui questionne les limites même de la notion de liberté et d'exploration des possibilités de l'art.

Zooooooom est un film d'animation en 3D. Sous des allures de science fiction, il démarre comme une descente sur terre de personnages fictifs de l'espace qui s'avancent en rangs ordonnés vers une pyramide étêtée. Une fois la cible atteinte, ils se mettent à la disloquer, bloc après bloc de pierre, et ils repartent avec en s'élevant vers les cieux.

Le côté fictif est amplifié à la fin par un zoom arrière accentué et qui renforce le sentiment d'avoir assisté à une manipulation dans le sens littéral du terme. Un détail pourtant change intégralement la donne : nous saisissons au vol que le prétexte de cette oeuvre n'est autre qu'une déconstruction et une scénarisation en filigrane de l'image générique du billet d'un dollar américain, la monnaie référence et globale dont les aléas et les avatars actuels ne font que renforcer l'impression d'une véritable prémonition sur le plan métaphorique.

The New Times est un peu comme Les Mondes, une intervention simple mais hautement symbolique sur le titre d'un quotidien célèbre, une référence dans le monde des médias. Dans un cas, il s'agit d'un ajout, dans l'autre d'une soustraction et le sens gagne paradoxalement dans l'intuition d'une actualité renforcée.

Io est un diptyque photographique qui présente concomitamment une entrée et une sortie de tunnel, sauf que nous ne savons pas laquelle sert de début et laquelle de fin. Nous restons ainsi suspendus dans un cadre hors temps qui nous oblige en quelque sorte à décider par nous-mêmes et à prendre des paris risqués.

Response est une installation composée d'une rangée d'épis de maïs qui comporte chacun une lettre par élimination des graines et qui forment ensemble la phrase : « que fait-on avec les perles ? ». Cette interrogation est en fait une prise à rebours de l'expression de l'évangile selon Saint Matthieu « ne jetez pas vos perles devant les pourceaux », qui signifie gâcher quelque chose en le donnant à une personne qui n'en ferait pas un bon usage.

Toutes les oeuvres exposées à cette occasion forment ainsi un ensemble d'une grande cohérence, entretenant des liens explicites et implicites avec des idées de dépassement des limites, de potentiel caché, de la possibilité de transcender des obstacles à différents niveaux de perception mais aussi d'appréhension et des espoirs qui paraissent occultés par l'ambigüité espace-temps. Le titre générique de l'exposition, White sugar for black days, est dans le même esprit, une manière de pointer du doigt et de suggérer par le langage des situations paradoxales.
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