MAC/VAL
Alain Bublex
Noël Dolla

06/03/2009
> MAC/VAL


Photographies / Communiqué de presse



Le MAC/VAL présente la première grande exposition en France de Noël Dolla - depuis sa rétrospective au Mamco de Genève en 2003 - artiste français majeur qui explore depuis 1967 les limites de la peinture et du statut de l’artiste.

Cet artiste se déclare lui-même peintre « dans l’esprit de l’abstraction ». Il met en effet à mal les distinctions entre l’abstraction et la figuration en déplaçant avec justesse le problème de l’abstraction depuis la question du style vers celle de la méthode et du modèle.

Avec le temps, il a découvert que l’espace dans la peinture abstraite n’avait aucune direction et qu’il était par conséquent en « chute libre ». Pourtant, une constante traversait son œuvre : quelle que soit la direction qu’il choisissait, il subissait les forces de l’histoire et de la mémoire.« J’ai toujours eu l’obsession d’éviter la répétition, c’est pourquoi j’ai investi plusieurs pratiques tout en mesurant comment un geste se construit par-rapport au précédent… ».

Chez Noël Dolla, rien n’est jamais gagné d’avance. Rien n’est prévu ni prévisible. Il joue à la peinture en redéfinissant sans fin les règles de la partie. C’est sans doute ce qui donne à son travail cette déconcertante liberté, ce parfum de provocation intelligente.

L’artiste invente une abstraction populaire, flirtant avec le kitsch qui transforme en matériau artistique l’environnement le plus trivial : les serpillières, les mouchoirs, les plumes de coq, la tarlatane, les leurres… Mais les œuvres pour lesquelles il s’est fait connaître à la fin des années soixante sont en fait très éloignées de la construction caractéristique du mouvement Supports-Surfaces qui leur a donné leur contexte d’interprétation premier.

Cette utilisation de la vie comme matériau a aussi conduit Noël Dolla à travailler directement avec la nature.

Sans affirmation absolue ni velléité démonstrative, l’artiste nous pousse à nous interroger sur notre manière de regarder, nous obligeant à aborder la peinture dans une multiplicité d’espaces disponibles.

« Pour l’art, il y a deux temps, celui de la vie, de l’artiste et celui du public, du collectionneur ; qui ne se rencontrent que quand il y a le temps de l’exposition » affirme Noël Dolla. Professeur à la Villa Arson à Nice depuis 1974, Noël Dolla n’appartient à aucun groupe ou mouvement et même si il enseigne il ne prétend pas faire école.

Vient le temps de l’exposition, à l’invitation du commissaire Frank Lamy du MAC/VAL, conçue autour (ou plutôt à l’intérieur) des productions les plus récentes (2002-2009) et des pièces plus anciennes, voire historiques, réunies dans trois trébuchets pensés comme des zones du cerveau, des pièges à mémoire.

Elle sera complétée par des œuvres représentatives de son travail comme « le grand leurre » ou encore, pour les jardins, un étendoir ou une cabane de jardin ; des objets ménagers ou familiers qui réinvestissent l’histoire de la peinture, son histoire.





Alain Bublex

"Nocturne"

Premier Invité du MAC/VAL dans le cadre d’une carte blanche, Alain Bublex propose une double relecture du parcours de la collection en remettant en chantier son propre travail et celui des liens qui se construisent au fil des oeuvres. De nouvelles productions ainsi que des oeuvres anciennes cohabitent au sein d’une scénographie qui fait oeuvre totale. Comme dans une fiction cinématographique où un bouleversement se trame, Alain Bublex réussit à transformer radicalement notre perception des oeuvres de la collection.

Dans ce projet intitulé "Nocturne", l’artiste prend un malin plaisir à dérégler les codes attendus de l’accrochage : il choisit d’occulter la lumière pour plonger le visiteur dans un temps plus énigmatique, intime et mystérieux. Ainsi, ses propres œuvres se fondent véritablement dans le parcours, laissant émerger entre autre les pièces de : Sarkis, Tatiana Trouvé, Kimsooja, Pierre Ardouvin, Cécile Paris… Il entend produire des ralentissements tout au long de ce parcours dédié au voyage et insinue son travail dans tout l’espace du musée. À la logique de la vitesse, il préfère répondre par la lenteur.

Avec cette liberté buissonnière insolente qui caractérise l’approche de ce projet, Alain Bublex confirme qu’il est passé maître dans l’art du déplacement.

Le musée a initié en 2009 un projet de cartes blanches données à des artistes invités à réagir au parcours des collections. Alain Bublex puis Éric Hattan ont ainsi, pendant quelques semaines, investi les espaces d’exposition permanente habités par l’accrochage « Je reviendrai ». Abordant la question du voyage, ce parcours se prêtait particulièrement à cet exercice de mouvance, proche de la transformation d’un paysage. Pensé telle une ossature à incarner, le parcours permanent devient matière à questionner l’exposition comme médium, à réévaluer sa temporalité, à reconsidérer la place et le regard du spectateur. Adoptant cette figure double d’artiste-commissaire, les artistes conviés ont inventé des dispositifs d’exposition audacieux à travers deux propositions singulières qui se sont répondu.

Avec son projet « Nocturne », Alain Bublex est le premier artiste à réinterpréter, par sa présence et celle de ses œuvres, la base que représente l’accrochage. Depuis le début des années 1990, son travail met en jeu l’architecture, le design, la photographie, le dessin, la vidéo pour inventer un regard mobile à poser sur le paysage. Artiste important de l’histoire du MAC/VAL, il l’accompagne dès l’origine de sa construction. En réponse à une commande, il a créé en 2002 cinq Plug-in-city Vitry sur-Seine, qui ont fortement contribué à l’animation du chantier ; un Algeco accueillait alors la collection et le projet en devenir. Les questions de l’itinérance, du déplacement, de l’errance sont très présentes dans son travail, rejoignant les problématiques de l’accrochage. Dès lors, l’inviter à amorcer cette série de cartes blanches était une évidence.

« Lorsque l’on dit “Je reviendrai”, on pense tout de suite au départ, je voulais aussi m’arrêter sur son pendant : l’absence. »

Alain Bublex choisit tout d’abord de retirer du musée toute la lumière naturelle et d’éteindre entièrement le dispositif d’éclairage artificiel. L’idée était de montrer un musée la nuit, au repos, lorsque personne n’est présent… Les œuvres seules et se donnant à voir d’une façon différente. L’artiste remplace l’éclairage habituel par un éclairage de chantier. De ce fait, aucune oeuvre n’est éclairée directement. Les spots éclairent les murs blancs qui réfléchissent leur lumière dans une sorte de pénombre, « entre chien et loup ». L’évidence des liens existant entre les œuvres s’en trouve réduit, les associations sont à reconstruire.

Véhicules détournés et customisés, papiers peints, photographies, vidéos : Alain Bublex dissémine ses propres oeuvres selon un principe d’infiltration et d’accumulation qui s’amplifie au fil du parcours. Comme des voix qui se recouvrent les unes les autres, ses oeuvres se superposent à celles de l’accrochage. Ses photographies s’ajoutent à celles d’Elina Brotherus ou de Gwen Rouvillois pour se rejoindre dans une contemplation active du paysage. Ses vidéos croisent celles de Cécile Paris, recréant l’épaisseur d’un paysage diurne qui inclut le spectateur.

L’artiste a sélectionné parmi ses propres œuvres des objets inachevés, en chantier, dont la réalisation avait été suspendue, interrompue, avec l’idée que le travail effectué puisse servir d’arrière-plan au projet en cours. Par exemple l’Aérofiat, regroupement d’études aérodynamiques inspirées des recherches des années 1930 et appliquées à un véhicule contemporain, ici une Fiat 126. Visiblement bricolé, loin de ses ambitions révolutionnaires, le prototype hybride qui en résulte est présenté en pièces détachées, en vrac, à même le sol du musée.

Depuis une dizaine d’années, l’intérêt de l’artiste pour l’architecture l’amène à réactiver par le dessin et la photo l’une des propositions utopiques imaginées dans les années 1960 par Peter Cook et le collectif Archigram : l’idée d’une ville modulable, durablement en chantier, dont les structures d’habitation évoluent en même temps que sa démographie. La photographie Plug-in city 1964-2000 acquise en 2001 par le MAC/VAL est la première pièce de ce programme de réinvention du réel. Le chantier inscrit sa durée dans le provisoire, en cela il rejoint le temps des utopies vécues, leur caractère éphémère et leur instabilité préservant leur essence révolutionnaire. Alors que dans l’idéologie occidentale dominante l’éphémère est moins essentiel que le durable, Alain Bublex offre du temps court à la permanence de l’exposition des collections. Avec Awareness Box, l’utopie se concrétise encore un peu plus : un appareil à voir le monde permet de capter sur un écran une image du site de la prise de vue, mais sans pouvoir en conserver la trace. L’idée n’est pas de parvenir à une commercialisation, mais plutôt d’entraîner un industriel (Samsung) dans l’étude d’un objet qui ne sert à rien.

Le 7 juin 2009, Alain Bublex décroche sa « Nocturne ». Il décide cependant, comme trace de son passage, de laisser les socles qui ont soutenu ses propres œuvres. Comme autant de sculptures minimales, les blocs blancs abandonnés se trouvent alors dans l’attente d’un nouveau départ.

L.H.
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