La Galerie Marian Goodman est heureuse de présenter pour la première fois au 79 rue du Temple une exposition de Niele Toroni. En passant dévoilera de nouvelles peintures, sur toile, toile cirée et papier, ainsi que deux interventions in situ.
Niele Toroni appartient à la première génération de peintres minimalistes européens actifs dès le milieu des années 1960. Sa démarche vise à « affirmer l’existence de la peinture en tant que telle ». Sa méthode de travail, parfois considérée comme radicale, est aussi célèbre qu’immuable : depuis 1967, il applique, sur tout type de support des empreintes de pinceau n°50 à intervalles réguliers de 30 cm. Si aucune couleur n’est privilégiée, les empreintes d’un même travail sont monochromes et chaque travail/peinture n’est ainsi «jamais la même chose, comme chaque empreinte de pinceau n°50 n’est jamais la même. »
Ne se considérant pas artiste mais peintre, Toroni déclare que son travail se donne à voir et doit « être vu du premier coup d’œil ». Il rejette toute forme de subjectivité, les empreintes de pinceaux n°50 ne véhiculent aucune idée ni états d’âme, ne racontent rien. « Je ne visualise pas des idées : j’applique un pinceau, des empreintes de pinceau deviennent visibles et cela (le travail/peinture) peut donner des idées. » 1
La dimension critique de son travail interroge le sens de l’activité picturale, mais contrairement à la conception minimaliste ou conceptuelle, le geste est essentiel. Ainsi, bien que n’apposant pas sa signature sur le support utilisé, depuis plus de quarante ans Niele Toroni n’a jamais délégué à un assistant la réalisation des empreintes de pinceau n°50.
«C’est de la peinture qui est visible et qui est produite par l’application d’un pinceau, non un détournement, une oblitération de ce qui est » écrit René Denizot, critique et ami de Toroni. « L’empreinte laissée par le pinceau est effectivement produite et elle n’est que par là, dans un rapport nécessaire, une cohérence structurelle de tous les éléments liés à cette production (papier, toile, peinture, pinceau, surface, espace, lieux, etc…)». 2
Les empreintes de Toroni existent de manière permanente sur les murs de nombreuses grandes institutions européennes, dont Hamburger Bahnhof Museum für Gegenwart, Berlin, le Castello di Rivoli, Turin ou encore le Musée des Beaux-arts de Lyon.
Né en 1937 à Muralto dans le canton du Tessin en Suisse, Toroni étudie à l’école normale pour devenir instituteur, avant de décider en 1959, à l’âge de 22 ans, de venir s’installer à Paris pour « faire de la peinture ». Il y habite toujours aujourd’hui.
Parmi les institutions ayant soutenu son travail/peinture, le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris tient une place particulière : c’est là où en 1967, au Salon de la Jeune Peinture, il a pour la première fois dévoilé ses empreintes de pinceau n°50, il y a ensuite été invité à plusieurs reprises, notamment en 2001 (Histoires de Peinture) ou tout récemment en 2015. Il y a également réalisé deux interventions in situ : Le Cabinet de peinture en 1989, et une intervention au-dessus de la porte d’entrée du musée en 2001.
Son travail a fait l’objet de multiples expositions personnelles, notamment dans les musées suivants : Museum Kurhaus Kleve, Kleve (2002); The Museum of Modern Art, Gunma, Japon ; CAPC, Musée d'Art Contemporain de Bordeaux (1997) ; Stedelijk Museum, Amsterdam (1994) ; le Musée National d’Art moderne (MNAM), Paris (1991). Récemment, il a exposé à la Villa Pisani Bonetti, Vicenza (2012) et au Swiss Institute, New York (2015).
Récipiendaire de plusieurs prix dont le Prix Meret Oppenheim (2012), Toroni a aussi participé à des expositions internationales majeures telles que Documenta 9 (1992) et 7 (1982), la Biennale de Venise (1972 et 1976), la Biennale de Sao Paulo (1991). En avril 2016, son travail sera présenté à la Punta della Dogana au sein du nouvel accrochage de la collection de la Fondation Pinault.
1Les citations de Niele Toroni sont tirées d’une interview de 1982, in Catalogue, Niele Toroni, CAPC, Bordeaux, 1997 2 René Denizot,