Edouard Archinard, Michael Bauer, Hans Bellmer, Jean Crotti, Marcel Duchamp, Aurélien Froment, Andrian Ghenie, Christopher Hanlon, Marcel Jean, Andrew Mania, Christopher Orr, Francis Picabia, Man Ray, Jacob Robichaux, Carl Van Vechten, Jacques Villon.
Marcel Duchamp : « Les artistes de tous temps sont comme des joueurs de Monte Carlo et la loterie aveugle fait sortir les uns et ruine les autres. Dans mon esprit, ni les gagnants ni les perdants ne valent la peine qu'on s'occupe d'eux . C'est une bonne affaire personnelle pour le gagnant et une mauvaise pour le perdant (…). Tout se passe au petit bonheur la chance. Les artistes qui, durant leur vie, ont su faire valoir leur camelote sont d'excellents commis-voyageurs, mais rien n'est garanti pour l'immortalité de leur oeuvre. Et même la postérité est une belle salope qui escamote les uns, fait renaître les autres (Le Greco), quitte d'ailleurs à changer encore d'avis tous les 50 ans ».
Jean Crotti avait sollicité un jugement sur son oeuvre. Duchamp montre un certain embarras, lui qui n'a « aucune croyance – genre religieux » dans l'activité artistique. Si l'art est ainsi soumis aux caprices du hasard, c'est qu'un doute persiste sur l'existence de critères absolus sur la création artistique. Est-ce que l'on peut prêter attention aux peintures de l'ecrivain boxeur Edouard Archinard ?
Les artistes aiment à revendiquer, assimiler, quitte à réinterprèter ceux qui, dans le temps, les ont précédés. Quel regard portons-nous aujourd'hui sur un oeuvre de jeunesse de Villon reprenant Manet, d'un Andrew mania s'appropriant Carl van Vechten, sur ces artistes contemporains renouant avec la peinture, retour à une tradition picturale filigranée de surréalisme, faisant autant référence à l'ironie de Picabia et ses camarades dadaïstes, à l‘abstraction d'un Man Ray, aux teintes tragiques de l'érotisme de Bellmer. Le dessein d'une oeuvre n'est-il pas de développer un langage esthétique hors du temps, entre filiation et rupture.
Sans ligne directrice formelle ou regard didactique, « reproduction rigoureusement exact », l'exposition ne présente pas de relecture, mais plutôt une mise en regard dont la ligne d'intention se laisserait deviner par le spectateur.
Marcel Duchamp: "Artists throughout history are like gamblers in Monte Carlo and in the blind lottery some are picked out while others are ruined. In my opinion, neither the winners nor the losers are worth bothering about. This is a good deal for the winner and bad one for the loser (…).. It all happens according to random chance. Artists who during their lifetime manage to get their stuff noticed are excellent traveling salesman, but that does not guarantee a thing as far as the immortality of their work is concerned. And even posterity is a terrible bitch who cheats some and reinstates others, and reserves the right to change her mind again every 50 years."
Jean Crotti had earlier solicited an opinion on his work. And Duchamp, who held «no believes of any religious kind" in artistic activity appeared in a certain quandary . If art is thus subjected to the whims of chance, it is the persistent doubt on the existence of an absolute criteria on artistic creation. Can one pay close attention to the paintings by the writer/boxer Edouard Archinard?
Artists like to assert their claim, assimilate, or reinterpret those that preceded them. How do we look at the work of the young Villon reinterpreting Manet; of Andrew Mania appropriating Carl van Vechten ; on those contemporary artists renewing painting with a return to a pictorial tradition filigreed in surrealism, and making as much reference to the irony of Picabia and his fellow dadaists; to the abstraction of Man Ray; to the hint of tragi-eroticism in Bellmer. Is it not the intention of an artwork to develop an aesthetic language outside of time, between filiation and rupture ?
Without definite guideline or any didactic regards, "reproduction rigoureusement exact" / « rigourously exact reproduction », is not a reexamination, it is an exhibition in which the line of intention will be left open to judge by the spectator.
